On a testé pour vous...

Le dépaysement est total à seulement quelques mètres de la base. Un moment hors du temps, sauvage, au milieu d’arbres verdoyants et d’une végétation luxuriante. Très vite, le bruit de la ville n’est plus qu’un lointain souvenir et laisse place aux piaillements des oiseaux et aux clapotis de l’eau. Un silence apaisant s’installe et chacun se concentre sur les premiers mètres pour trouver son allure. Hugo passe d’embarcation en embarcation pour distiller ses conseils. Au fur et à mesure, la pression se relâche et de petits groupes commencent à se former et à échanger. Nous ne nous connaissons pas, mais le fait de se retrouver tous dans « le même bateau » amène très rapidement la conversation.

Encore quelques centaines de mètres avant l’arrivée et la réflexion laisse place à la contemplation. Au milieu des saules pleureurs, une multitude de petits insectes : libellules, araignées d’eau, larves et autres coléoptères batifolent à la surface de l’eau. Un coup d’œil en arrière, et la base de loisirs commence déjà à n’être qu’un petit point au loin.

L’avantage d’être en paddle est d’avoir une vue en hauteur. Quelques badauds sur le chemin de halage nous saluent d’un hochement de tête ou de la main. Nous observons les îles défiler et quelques-uns commencent à fatiguer. Hugo, armé d’une corde de remorquage, les attache à son propre bateau et les tire sans aucun effort.

Sur le rivage, défilent les falaises de craie et au milieu surplombant la Seine, la chapelle Saint-Adrien de Belbeuf. Celle-ci date du XVIIIème siècle et est à l’origine de la fameuse légende des deux ermites :  Onumphe et Pancrate. Afin d’aider une jeune fille à se marier, ces derniers décidèrent de planter une aiguille dans leur propre chair et celle-ci trouva alors un mari. Suite à cet évènement et durant plusieurs siècles, la chapelle fut un lieu de pèlerinage pour les jeunes filles en quête d’époux.

Plus que quelques mètres et après une heure de navigation, nous voilà arrivés au but de notre voyage : L’Estival. Ce restaurant-bar est doté d’une plage de sable, d’un bar extérieur et de palmiers. C’est dans ce décor et debout sur mon paddle créé à l’origine pour naviguer entre les îles polynésiennes, que j’ai soudain l’impression d’être arrivé au bout du monde. La journée de travail parait déjà bien loin, et cette expérience semble avoir effacé tous les soucis du quotidien.

La nuit continue tranquillement de s’installer, les lampions et les lumières du restaurant se reflètent sur les vaguelettes de la Seine. Nous débarquons tour à tour sur le ponton, les yeux encore pétillants des milles et une merveilles naturelles que nous venons d’observer. Une multitude d’informations se bousculent dans nos têtes, que notre cerveau peine à enregistrer. Nous voilà déjà en route pour nous profiter de la terrasse couverte du restaurant, un verre à la main.

Pour parfaire le tableau, de superbes planches arrivent garnies de toutes sortes de fromages et de charcuterie pour combler la faim qui commence à se faire sentir. Cette impression étrange de se retrouver avec une vieille bande de copains, chacun échangeant sa petite expérience de navigation et racontant sa vie, comme si nous nous connaissions depuis toujours alors que 2h00 auparavant nous étions encore de parfaits inconnus les uns pour les autres.  Sur un air de pop entrainant, entonné par un chanteur en live, les têtes commencent à bouger au rythme de la musique. Puis comme un rêve prend toujours fin, il est déjà temps de repartir.

La température a baissé et la nuit s’est installée durablement. Nous regagnons le ponton au milieu des lumières allumées pour l’occasion. Hugo nous aide chacun notre tour à embarquer et nous voilà dérivant au milieu de la nuit avec la lune comme seul éclairage en direction du point de départ. Les bras se remettent tranquillement de l’engourdissement de la pause et nous pagayons en silence. Quelques rires commencent à fuser. Étrangement, la vision s’accoutume à l’obscurité et nous commençons à deviner les formes des îles qui nous entourent.

En seulement 20 minutes et portés par le courant, nous regagnons la base de loisirs pour finaliser notre épopée avec pour impression d’avoir marché dans les pas des grands explorateurs. Derniers échanges et embrassades, nous promettant de renouveler l’expérience rapidement, avant de regagner, sans une certaine nostalgie, nos véhicules.

Les prochaines sorties auront à partir de mai 2024, deux dates par mois jusqu’en septembre.