Exposition Ray K. Metzker, Obscurités radieuses

Labellisé Centre d’art contemporain d’intérêt national, le Centre photographique Rouen Normandie présente une nouvelle exposition consacrée au photographe américain Ray K. Metzker. Figure majeure de la photographie américaine de la seconde moitié du XXe siècle, Metzker s’est distingué dès les années 1950 par son approche résolument expérimentale. Il a ensuite été largement exposé aux États-Unis, où il a acquis une reconnaissance importante. Cependant, sa notoriété est restée limitée en Europe, et son œuvre demeure aujourd’hui encore méconnue de ce côté de l’Atlantique.

Intitulée Obscurités radieuses, cette exposition constitue la première rétrospective institutionnelle de Ray K. Metzker en France. Réalisée en partenariat avec Les Douches la Galerie à Paris, elle offre un parcours à travers l’ensemble de sa carrière, avec une sélection d’une cinquantaine de tirages.

Ray K. Metzker est né à Milwaukee en 1931. Durant la seconde moitié des années 1950, il étudie la photographie à l’Institute of Design de Chicago. Autrefois connue sous le nom de New Bauhaus, cette école fondée par László Moholy-Nagy lors de son exil pendant la Seconde Guerre mondiale, introduit aux États-Unis les principes du mouvement Bauhaus.

C’est au sein de cet établissement que Metzker développe son vocabulaire visuel, constitué d’images composites, de photomontages, de superpositions de négatifs, de juxtapositions de vues et d’autres techniques expérimentales. Son travail est rapidement reconnu, dès l’obtention de son diplôme.

Au début des années 1960, après un voyage en Europe, il s’installe à Philadelphie, où il enseigne la photographie à l’université. C’est également à cette époque que ses œuvres composites sont présentées dans une exposition personnelle au Museum of Modern Art de New York.

À partir de 1983, il se consacre entièrement à son travail artistique, un an avant sa première grande rétrospective au Museum of Fine Arts de Houston.

Ray K. Metzker s’éteint en 2014 à Philadelphie, à l’âge de 83 ans, non sans avoir profondément marqué, par la modernité de son approche, l’histoire de la photographie américaine.

La présentation de l’exposition aborde l’angle de l’expérimentation, caractéristique du travail de Ray K. Metzker, mais également celui du regard singulier d’un homme sur la ville, à travers l’objectif de son appareil. Toute son œuvre est marquée par la prédominance du paysage urbain.

Dès son travail de fin d’études, Metzker consacre une série de photographies à la ville de Chicago. Mais il dépasse la simple photographie documentaire : les lieux deviennent arrière-plan, tandis que son appareil photo prend une place centrale, comme un véritable compagnon de ses déambulations urbaines.

Il s’attache à observer la ville et ses volumes à travers les variations de lumière, qu’il s’autorise à souligner par divers procédés, aussi bien à la prise de vue qu’au moment du tirage en laboratoire. Pour lui, le tirage est une étape essentielle de l’élaboration artistique. Il y expérimente sans relâche, forçant les noirs, juxtaposant plusieurs images sur un même cadre, explorant les possibilités de la forme.

Le périmètre de la ville, d’un quartier, d’un trottoir, devient le lieu d’une conversation intime entre le photographe et son appareil. Il poursuit ce dialogue de Chicago à Philadelphie, en passant par l’Europe. Face au tempo saccadé de la ville, à sa densité, parfois à son chaos, Metzker répond par la répétition, la surimpression, la double exposition, le montage.

Plus que de séduisants exercices de style, ces photographies, tout en noirs profonds et en blancs éclatants, témoignent d’une vie d’artiste consacrée à chercher la photographie, celle qui, dans les limites d’un modeste rectangle, parviendrait à retenir toute la richesse d’une expérience du regard.